Anaïs Jeanneret

Ecrivain et actrice française

posté le 01-02-2010 à 10:34:04

Anais Jeanneret joue avec le destin


Anaïs Jeanneret


 

Avec « Poupées Russes », son deuxième roman, la comédienne s’affirme également comme un écrivain à part entière.

 

Wassilissa. Le roman commence par ce prénom enrobé de mystère. Qui est-elle ? D’où vient-elle, cette jeune femme aux dorés qui débarque dans cette propriété de la Côte d’Azur ? On ne sait rien d’elle. Elle-même ne le sait pas non plus vraiment. Wassilissa est une femme en devenir. Et Anaïs Jeanneret se propose de dénouer les fils de son histoire.

En fait, à travers la quête de Wassilissa, l’auteur nous raconte aussi le destin de deux autres femmes : celui de Lila, sa grand-mère échappée de Russie pendant la révolution bolchevique et celui de Claire, sa mère. Destins marqués par la solitude, la mélancolie, voire l’enfermement. D’où le titre du roman, « Poupées russes ». Emboîtées les unes dans les autres, les vies de Lila, Claire et Wassilissa sont toutes frappées du sceau de la malédiction.

 

Entre impuissance et optimisme

 

Anaïs Jeanneret a voulu ce texte comme le constat d’une impuissance à vivre, une métaphore du repli sur soi. L’optimisme n’est cependant pas complètement absent et c’est Wassilissa qui en est porteuse dans les dernières pages : « Oui, argumente l’auteur, elle donne naissance à un garçon – et on comprend alors qu’elle est la première à échapper au cercle vicieux. J’ai aussi voulu montrer qu’elle état la première à pouvoir aimer un homme et être aimée par un homme. Jusqu’alors, ils étaient à peine présents, ou juste considérés comme géniteurs. »

 

Parmi les trois personnages principaux du livre, c’est aussi celui qui emprunte le plus à l’auteur. « Oui, sans doute, mais je me sens tout de même plus aboutie que Wassilissa, répond Anaïs Jeanneret. Elle est un peu ma petite sœur. Il est vrai que, comme elle, je suis faite d’un mélange intime de pessimisme et d’optimisme. Je suis sans doute quelqu’un d’assez secret et solitaire, mais je ne suis pas condamnée à la solitude et à l’enfermement comme mes personnages. »

 

Après « Le sommeil de l’autre », un premier roman plus modeste mais déjà fort prometteur, Anaïs Jeanneret récidive aujourd’hui de belle manière. Avec un sens de la construction romanesque et un art de composer avec les mots justes qui forcent l’admiration, elle fait plus que confirmer un talent. Le jury du Prix littéraire du Quartier latin ne s’y est point trompé, lui qui vient de la couronner. C’est dire si on attend la suite avec intérêt.

 

Thierry Brandt

 

Source : Le matin, 1994

 


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